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À quoi sert la géographie aujourd’hui ? À former des géographes, bien sûr, mais quelle sorte de géographes ? Il semble que l’on est bien loin du temps où ce cher Élisée Reclus racontait ses histoires d’un ruisseau (1869) et d’une montagne (1880). Pourquoi et comment remettre la géographie en question ? Voilà le questionnement d’une majorité des collaborateurs à cet ouvrage issu d’un colloque tenu en sous l’égide de l’Association canadienne-française pour l’avancement des sciences (ACFAS). Il s’agissait alors de viser trois objectifs : faire le point sur l’état des lieux de la géographie d’aujourd’hui ; débattre de la place que devrait occuper la géographie dans l’enseignement et la recherche ; identifier comment mettre en œuvre les moyens pour que la géographie occupe bel et bien cette place.
Qu’est-ce que la géographie ? À quoi sert-elle ? Où travaille un géographe ? Y- a-t-il de l’emploi en dehors de l’enseignement ? Quelles sont les perspectives d’avenir de la profession ? Le débat ne pouvait être mieux lancé que par nul autre que Paul Claval. Ce dernier rappelle que dans un monde marqué par la mobilité, la disparition des sociétés paysannes et la structuration des réseaux sociaux, pour le géographe, le thème de l’identité devient central. Reconnaissant l’existence d’un malaise disciplinaire réel, le professeur émérite de Paris-Sorbonne recommande la modification de procédures pédagogiques ainsi que le retrait partiel de certaines branches qui ont caractérisé les programmes universitaires. Ce faisant, les géographes devraient accorder davantage d’importance à la dimension écologique de leur discipline.
En France : quelle crise de la géographie ? s’interroge B. Lemartinel, codirecteur du Festival international de géographie de Saint-Dié-des-Vosges en faisant une allusion suave à Roger Brunet qui, en 2004, dans les Cahiers d’Histoire s’est plaint de la réputation de boy-scout de l’Institut de géographie de la rue Saint-Jacques. Dans cet aréopage, Y. Veyret professeure émérite de Paris X, avec son ton jovialiste, fait vraiment bande à part, comme si on ne l’avait pas prévenue du thème du colloque à l’origine de cet ouvrage. Il est curieux de la voir évoquer la visibilité grandissante de la géographie dans les médias alors qu’au moins deux autres auteurs soutiennent exactement le contraire. Malgré l’évocation de quelques éléments d’inquiétudes pour le futur, notre auteure n’hésite pas à évoquer une géographie renouvelée qui aurait un effet attractif pour beaucoup d’élèves…français il va sans dire. Comme on n’attire pas des mouches avec du vinaigre, c’est bien connu, on attire des participants à un colloque par la promesse d’une publication. En conséquence, on trouve ici un bon quart de communications qui n’a rien à voir avec l’objectif de l’ouvrage. Beaucoup d’arbres auraient pu être épargnés si les responsables de cette édition ne s’étaient pas compromis par leur promesse. Comme mot de la fin, j’ai retenu cette citation de Didier Lucas, rédacteur en chef de Géoéconomie : « La géographie est une science d’avenir, si les géographes veulent bien s’en apercevoir ».
André Joyal, Université du Québec à Trois-Rivières